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Ils ne sont forts contre vous que parce que vous n’êtes point unis, que parce que vous ne vous aimez point comme des frères les uns les autres.

Ne dites point : Celui-là est d’un peuple, et moi je suis d’un autre peuple. Car tous les peuples ont eu sur la terre le même père, qui est Adam, et ont dans le ciel le même père qui est Dieu.

Si l’on frappe un membre, tout le corps souffre. Vous êtes tous un même corps : on ne peut opprimer l’un de vous, que tous ne soient opprimés.

Si un loup se jette sur un troupeau, il ne le dévore pas tout entier sur-le-champ : il saisit un mouton et le mange. Puis, sa faim étant revenue, il en saisit un autre et le mange, et ainsi jusqu’au dernier, car sa faim revient toujours.

Ne soyez pas comme les moutons, qui, lorsque le loup a enlevé l’un d’eux, s’effrayent un moment et puis se remettent à paître. Car, pensent-ils, peut-être se contentera-t-il d’une première ou d’une seconde proie : et qu’ai-je affaire de m’inquiéter de ceux qu’il dévore ? qu’est-ce que cela me fait, à moi ? Il ne me restera que plus d’herbe.

En vérité, je vous le dis : Ceux qui pensent ainsi en eux-mêmes sont marqués pour être la pâture de la bête qui vit de chair et de sang.