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mutuelle du Père et du Fils, les animant d’une vie commune, animant d’une vie permanente, complète, illimitée, l’Être infini.

Et ces trois étaient un, et ces trois étaient Dieu, et ils s’embrassaient et s’unissaient dans l’impénétrable sanctuaire de la substance une ; et cette union, cet embrassement, étaient, au sein de l’immensité, l’éternelle joie, la volupté éternelle de Celui qui est.

Et dans les profondeurs de cet infini océan d’être, nageait et flottait et se dilatait la création ; telle qu’une île qui incessamment dilaterait ses rivages au milieu d’une mer sans limites.

Elle s’épanouissait comme une fleur qui jette ses racines dans les eaux, et qui étend ses longs filets et ses corolles à la surface.

Et je voyais les êtres s’enchaîner aux êtres, et se produire et se développer dans leur variété innombrable, s’abreuvant, se nourrissant d’une sève qui jamais ne s’épuise, de la force, de la lumière et de la vie de Celui qui est.

Et tout ce qui m’avait été caché jusqu’alors se dévoilait à mes regards, que n’arrêtait plus la matérielle enveloppe des essences.

Dégagé des entraves terrestres, je m’en allais de monde en monde, comme ici-bas l’esprit va d’une pensée à une pensée ; et, après m’être plongé, perdu, dans ces merveilles de la puissance, de la sagesse et de l’amour, je me plongeais, je me perdais dans