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Fils de l’homme, que vois-tu encore ?

Je vois la mer soulever ses flots, et les montagnes agiter leurs cimes.

Je vois les fleuves changer leur cours, les collines chanceler, et en tombant combler les vallées.

Tout s’ébranle, tout se meut, tout prend un nouvel aspect.

Fils de l’homme, que vois-tu encore ?

Je vois des tourbillons de poussière dans le lointain, et ils vont en tous sens, et se choquent, et se mêlent, et se confondent. Ils passent sur les cités, et, quand ils ont passé, on ne voit plus que la plaine.

Je vois les peuples se lever en tumulte et les rois pâlir sous leur diadème. La guerre est entre eux, une guerre à mort.

Je vois un trône, deux trônes brisés, et les peuples en dispersent les débris sur la terre.

Je vois un peuple combattre comme l’archange Michel combattait contre Satan. Ses coups sont terribles, mais il est nu, et son ennemi est couvert d’une épaisse armure.

Ô Dieu ! il tombe ; il est frappé à mort. Non, il n’est que blessé. Marie, la Vierge-Mère, l’enveloppe de son manteau, lui sourit, et l’emporte pour un peu de temps hors du combat.

Je vois un autre peuple lutter sans relâche, et puiser de moment en moment des forces nouvelles dans cette lutte. Ce peuple a le signe du Christ sur le cœur.