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XXXII


Je voyais un hêtre monter à une prodigieuse hauteur. Du sommet presque jusqu’au bas, il étalait d’énormes branches, qui couvraient la terre à l’entour, de sorte qu’elle était nue ; il n’y venait pas un seul brin d’herbe. Du pied du géant partait un chêne qui, après s’être élevé de quelques pieds, se courbait, se tordait, puis s’étendait horizontalement, puis se relevait encore et se tordait de nouveau ; et enfin on l’apercevait allongeant sa tête maigre et dépouillée sous les branches vigoureuses du hêtre, pour chercher un peu d’air et un peu de lumière.

Et je pensai en moi-même : voilà comme les petits croissent à l’ombre des grands.