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et qui est intitulée : « Le fait français en Amérique. » Il ne s’agit pas pour lui d'évoquer notre ancienne domination sur le Nouveau Monde, mais bien de démontrer aux Canadiens d’an- jourd’hui que l'attachement à leur pays d’origine et à sa langue est un signe de dignité, une source d’enrichissement spirituel. Et cette conférence fut prononcée aux États-Unis, notamment dans les provinces où les Canadiens émigrés — il y en a deux millions — risquent d’être peu à peu absorbés.

Acte de foi ou propagande ? L’un et l’autre sans doute. Mais comme les buts de cette propagande apparaissent purs et les arguments touchants, en un temps où les revendications des peuples sont toutes matérielles et servent en quelque sorte de moyens publicitaires à un régime !

Entre ces lectures, et pour occuper les longues heures de la traversée, il y a l’étude géographique du programme qui nous attend là-bas. Notre itinéraire, qui nous conduira dans le Nord, sur les lieux mêmes où Hémon suivit Maria Chapdelaine, groupe les noms les plus disparates. Chicoutimi après Rober- val, Saint-Siméon puis Peribonka.. Ne croirait-on voir les Natchez fraterniser avec nos Tourangeaux ?

Heures un peu longues, ai-je dit, mais sans autres épreuves qu'une houle assez profonde, accompagnée de nuages bas vers le milieu de l'Atlantique ; puis, aux approches de Terre- Neuve, une navigation nocturne coupée, en raison des brumes, par les sinistres appels de la sirène.

Ce qui se cachait sous ces brumes, nous en eûmes la vision, et une admirable vision, le lendemain matin. Un iceberg monumental, taillé en forme de cathédrale dans une glace qui avait l'apparence du marbre le plus pur, flottait à une dizaine de milles et resplendissait au soleil.

Ce gigantesque portail semblait garder l'estuaire du Saint- Laurent où nous entrâmes quelques heures plus tard. Quel beau spectacle que la remontée d’un estuaire ! On assiste