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journal, et que je n’hésite pas à reproduire tant elle sonne juste : « Charmant récit, écrit d’une langue alerte et facile. De l'intérêt, de la grâce. L'auteur décrit avec sympathie la rude existence des paysans canadiens, leur lutte incessante avec les éléments, le froid terrible, la terre hostile, la solitude effrayante des grands bois, — les simples événements de leurs vies primitives, joies et douleurs, mariages et deuils. »

Mais si tous ces tableaux sont nés spontanément, il n’est pas moins vrai qu'ils sont traités « avec sympathie », comme il est dit plus haut. Hémon était parti pour la terre canadienne sans intention déterminée, suivant simplement ce plan d'évasion et cette rébellion nonchalante qui me semblent avoir guidé ses actes durant sa vie entière. Peut-être même ignorait-il tout du Canada français. Or, à peine arrivé là-bas, il a vu, il a aimé, et cette inclination, grandie sans doute par la survivance de nos vieilles coutumes et de notre langage, a porté l’œuvre du romancier bien plus haut qu’il ne le pensait. Maria Chapde- laine est un récit inspiré, dans toute la force du terme. Le style même, ce style simple, uni et sans couleur, pareil à une belle planche lisse où l’on verrait pourtant les nœuds du bois, appartient à l’âme du sujet. Une affinité si franche valait bien qu’on ajoutât un brin de gloire officielle au mérite littéraire de Maria Chapdelaine.

L'Empress-of-Australia, qui arborait le pavillon royal il y a quelques semaines, doit nous faire effectuer la traversée en sept jours. Sept jours, c’est peu. Mais sait-on que Jacques Car- tier n’en avait pas mis plus de vingt lors de sa première expé- dition, en 1634 ? Record qui fut rarement égalé, d’ailleurs,


La mission Maria Chapdelaine se compose de six membres ; mais on peut ajouter à ce nombre quinze autres Français appelés au Canada pour un congrès juridique. De notre côté, l'on trouve des noms qui se présenteront avec un grand