LE CANADA ENTRE EN GUERRE 31
sur des paroles françaises. Ce « Dieu protège le Roi » avait un accent plus profond et plus grave. C'était non un hommage officiel, mais une adhésion du cœur. C’était l’union de deux traditions également utiles à l’avenir du Canada.
Nous vivons à une époque où tous nos discours, tous nos thèmes d'idées, toutes nos pensées se ramènent fatalement à la lutte que nous soutenons,
Or, après avoir brièvement rapporté icimes impressions sur le Canada, je demande que l’on garde en mémoire les trois faits suivants :
Le Canada français nous apporte la preuve qu’un peuple sage peut conserver sa tradition, sa langue, son libre compor- tement, sans tomber dans les funestes excès du séparatisme ni se perdre dans l’agitation politique.
La France nous montre qu’une nation bien née sait se contenter des liens d'esprit qui l’unissent aux descendants de ses anciens fils. Elle est fière de leur attachement, elle leur témoigne de la reconnaissance, mais ne cherche pas à troubler leur paix.
L’Angleterre enfin accepte de collaborer avec ces hommes qui restent fidèles à une tradition nationale qui n’est pas la sienne. Non seulement elle ne les brime pas, mais elle les appelle aux plus hautes charges de l’État.
C’est avec de tels sentiments que les gens civilisés s'enten- dent. L’égoïsme, l'esprit de conquête, l’oppression, nous lais- sons cela aux barbares. Et nous comptons bien triompher d’eux un jour.
Janvier 1940.
INPRIMERIE DE JAGNY, — EMMANUEL, GREVIN ET, FILS =r.3-1940.
