22 JACQUES DE LACRETELLE
Les Anglais l’ont compris, et, loin de brimer cette mino- rité, comme ils l’ont fait autrefois, ils lui laissent aujourd’hui son libre développement et collaborent avec elle. Leurs pro- fesseurs leur apportent des témoignages et des encouragements que je veux citer. Voici par exemple les paroles du Colonel Bovey, professeur à l'Université Mc Gill de Montréal.
« Il y a des esprits étroits qui ne voudraient entendre qu’une seule langue en ce pays. Je ne partage pas cette opi- nion. Au contraire, je ne vois pas comment la culture latine pourrait survivre ici sans la langue française, et j'ai déjà indi- qué que sans la culture latine notre civilisation n’existerait plus... Gardez votre langue française, développez votre cul- ture française ; à la fin tout le monde comprendra la valeur du Canada français dans l'Amérique du Nord. Il est le déposi- taire et le gardien conjoint avec nous de la civilisation occi- dentale. »
Voici encore Sir Andrew Mac Phail, autre professeur à l'Université Me Gill :
« Ce sont seulement ceux qui ignorent l’histoire, déclare-t-il, qui s’étonnent de la force sileñcieuse de Québec. L'héroïsme, la beauté, l'esprit chevaleresque des colons français sont deve- nus légendaires. On parle comme si ces vertus avaient repassé les mers après la capitulation. La vérité est qu'elles sont demeurées. On les retrouve chez un guide des lacs du Nord, chez l'artisan qui exerce son métier dans sa maison, chez le paysan qui donne l’hospitalité pendant la nuit. Celui qui sait regarder Québec y découvre la survivance de l’ancien régime dans la magistrature, dans le clergé, au Parlement, dans les professions libérales, dans les salles de rédaction. »
À ce témoignage très complet, qu'il me soit permis d'ajou- ter le mien relativement à la dernière profession qu’il met en évidence. Jamais, dans aucun de mes voyages, mes rapports avec les journalistes n’ont été aussi intéressants, aussi sincères,
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