Le Canada et la guerre
Les pages qu'on vient de lire et qui avaient été écrites au jour le jour, j'ai voulu les publier sans retouche, pensant que leur seul mérite était dans leur trait d’esquisse. Ce sont des notes qui tentent de reproduire le choc reçu par un Fran- çais débarquant au Canada, puis un autre choc, celui de la guerre.
Au début de mon voyage, avant le bouleversement survenu en Europe, je ne cessais de dire à ceux qui me recevaient avec tant de bonne grâce : « Ah ! comme je saurai décrire, à mon retour, tout ce que je vois chez vous! Quel plaisir j'aurai à me remémorer d’abord cette longue remontée du Saint-Lau- rent, puis l’arrivée devant Québec et l’émouvante apparition de cette citadelle à la Vauban qui surplombe un groupe de petites maisons normandes !.. Et vos campagnes, avec leurs métairies et leurs herbages si proches des nôtres !.. Et toute cette vie patiente et sage, ces vieilles coutumes que vous vous transmettez religieusement de père en fils. Enfin, je montrerai l’autre aspect de votre pays, cette nature qui n’est plus à l'échelle de la nature européenne, vos forêts inviolées qui s'étendent sur un espace grand comme trois ou quatre de nos départements, vos lacs solitaires où l’on peut se croire le pre- mier nageur... »
« Car on se représente mal en France votre pays, ajoutais-je.
