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de sous-ordres. D'où une rancune qui prime aujourd’hui tout autre sentiment. N'importe : il y a eu ici et là quelques réu- nions en vue de soustraire le Canada à la guerre ; toutes étaient tenues en français.

Je suis persuadé, d’ailleurs, que ce ne sont là que mouve- ments de surface où quelques ambitions politiques trouvent leur compte. Ainsi, à Montréal, des bureaux de recrutement se sont ouverts et l’on annonce que les régiments de Maison- neuve et des Fusiliers de Mont Royal — tous deux pour french-speaking, comme leur nom l'indique — ont déjà reçu plus de quinze cents engagements. On annonce aussi que plu- sieurs municipalités ont refusé de donner une salle aux parti- sans de l’abstention.

Mais que notre action, à nous Français, doit être prudente ! Il faut se garder d'exiger comme un dû une collaboration effective qui représente nécessairement toute sorte de sacri- fices. Le Canadien français, descendant d’un madré Normand ou d’un Breton têtu, aurait tôt fait de nous demander pour- quoi nous avons si légèrement abandonné ses pères pendant près d’un siècle.

En tout cas, malgré ces nuances et ces subtilités, malgré ces précautions à prendre, le Congrès qui s’est tenu à Ottawa a rencontré, chez les représentants de la nation canadienne, le ferme désir d'appuyer la Métropole. On avait même songé, en raison de la neutralité américaine et pour mieux servir les intérêts anglais, à ne pas déclarer officiellement la guerre à l'Allemagne. Ainsi munitions et outillage fabriqués aux États- Unis auraient pu être livrés au Canada, et de là... Mais la loi de neutralité, telle qu’elle est conçue actuellement, se doit de suivre ces livraisons jusqu’à leur destination dernière. En con- séquence, le Parlement canadien a préféré adopter une atti- tude franche et rompre avec l'Allemagne. Le pays même y