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pations britanniques apporte volontairement sa collaboration. Notre effort sera volontaire. »

Telle est la déclaration faite, dès l’annonce de la guerre, par M. Mackenzie King, premier ministre du Canada, et répétée en notre langue, pour les Canadiens français, par M. Lapointe, ministre de la justice. Ces paroles ont été unanimement approuvées. On peut même dire qu’elles ont fortement gêné la campagne des abstentionnistes qui commençait à se manifes- ter à travers le pays.

Depuis quelques jours, en effet, à mesure que la menace de guerre s’aggravait en Europe, la presse canadienne s’interro- geait, cherchait à préciser sa position et ses devoirs. On rappe- lait que la dernière guerre avait coûté trois milliards de dollars au pays ; que la dette, qui se montait à 363.000.000 de dollars en 1914, s'était trouvée sextuplée six mois après le traité de Versailles. Cette mémoire des chiffres ne révélait-elle pas les appréhensions et l'opinion intime du lecteur moyen ?

Dans les conversations aussi, on sentait, malgré les marques de sollicitude et de sympathie, une réserve qui pouvait se tra- duire par ceci : aucune affirmation prématurée, et surtout pas de conscription.

Car c’est une erreur de croire, comme on le fait en France, que les Dominions anglais pensent et agissent en relation étroite avec la métropole. Il serait plus juste de les comparer à des satellites qui subissent l'attraction d’une planète, se meuvent dans son orbite, mais sont devenus pour ainsi dire inconscients de cette gravitation naturelle. C’est ainsi qu'il s’est créé en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Afrique du Sud, une race de Britishers qui n’est plus tout à fait celle du British. Et au Canada, particulièrement, cette race a des rap- ports d'intérêt si aisés, si légitimes, avec les habitants des Étate-Unis qu’elle s’américanise à son insu, Le vent du Sud se fait sentir avant la lointaine brise de l'Est. Je pense que c’est