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dans le systême présent, que l’espece l’est elle-même pour remplir une nuance de l’animalité qui ne pouvoit pas rester vuide. Que les loups s’obstinent à vouloir se contenter de chardon comme l’âne, ils mourront de faim. Seroit-ce un si grand malheur, dira-t-on ? Non pour vous, qui croyez y trouver votre bien, le seul qui vous affecte. Jugez-en au contraire par l’attention particuliere de la mere commune à pourvoir à leur subsistance. Examinez la forme des dents, leur longueur & leur forte ligature, l’ouverture de la gueule, la souplesse du corps. Voyez-les chasser. Ils s’attroupent, s’entendent & s’entre-aident à merveille : avec quel art ils trompent la vigilance du berger & la fidélité de son chien ! Voyez de l’autre part la brébis tremblante, elle est sans armes, elle n’ose se défendre, elle ne sait pas même fuir. La nature pouvoit-elle mieux s’expliquer ?

Une seconde réflexion confirme la précédente : c’est celle de ceux qui croyent démontré que la nutrition ne peut se faire que par une addition ou intus-susception de parties similaires au tout. Par-là chaque animal a un droit réel aux portions de la matiere, qui lui sont analogues, comme étant les seules qui puissent contribuer à entretenir son être. Il les réclame avec raison, sous quelque forme & dans quelque composé qu’elles se rencontrent. Il y a par exemple une foule d’insectes