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l’usage qu’il peut faire de ces deux parties. Mais si outre cela nous faisons attention à toute sa ſtructure, à la figure de ſes membres, à la dureté de ſa chair, à celle de ses tendons, & à la solidité de ses os comparés avec ceux des autres animaux ; si nous réfléchissons sur sa colere qui ne l’abandonne jamais, sur sa diligence & son agilité, tandis que ce roi des animaux rode dans le désert : si, dis-je, nous examinons toutes ces choses, il faut être stupide pour n’y pas observer le but de la Nature, qui d’une main habile a formé d’un art merveilleux cette belle créature pour agir offensivement », qui plutôt a mis cet animal en état de se procurer à force ouverte une subsistance qu’il n’a point d’autre moyen d’obtenir.

Les plaintes ordinaires sur la cruauté des grands animaux & l’importunité des petits, ne viennent que d’une ignorance parfaite de leur structure & de la maniere encore plus cachée dont la nutrition se fait. C’est à la science naturelle à résoudre les problêmes les plus difficiles en métaphysique. Mais on n’a point assez de foi aux naturalistes. On traite trop légérement d’illusions d’optique, les observations, les plus exactes, & de préventions les assertions les plus mesurées : celles qu’engendre une réflexion profonde, après avoir envisagé les choses