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aspirantes qu’elle employe à succer la terre qui l’environne, exprimant tout ce qui est analogue à sa substance, laissant tout ce qui lui est contraire. Un Observateur attentif est tenté de reconnoître dans ce méchanisme merveilleux une sorte de connoissance qui apprend aux tiges tubulaires à biaiser pour éviter une pierre, & dans la rencontre de deux veines de terre différentes, à préférer toujours la meilleure.

Il y a des animaux qui, n’ayant pas plus de mouvement progressif que les végétaux, se nourrissent à leur maniere. Tels sont l’œil-de-bouc & les autres de la même espece qui en baillant hument l’air & l’eau dont ils vivent. Tels aussi ces petits insectes de la couleur de la plante, à laquelle ils sont attachés par le ventre, parfaitement immobiles, reduits à se nourrir de la seve de cette même plante[1].

  1. Ce sont les Gallinsectes. L’on a reconnu assez tard leur animalité. Leur immobilité & leur couleur les avoient fait prendre pour de simples tumeurs ou galles que les pucerons font naître sur les parties des arbres qu’ils piquent. Mais en les observant de plus près, on y a apperçu tous les appanages de la forme animale, entr’autres, comment elles étoient fécondées & jettoient des œufs. Le Kermés est une espece de Gallinsecte qui vient sur un petit chêne verd en Provence, en Languedoc & ailleurs. Vous trouverez quantité de détails intéressans sur ces petits animaux dans l’Histoire de l’Académie Royale des sciences de Paris, année 1738.