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Quelque fondées que soient ces révolutions des corps célestes, si conformes d’ailleurs aux métamorphoses qui s’operent sous nos yeux, l’usage que j’en veux faire ici, c’est d’en conclure que toutes les choses se servent mutuellement de nourriture les unes aux autres. La conservation de la Nature se fait à ses propres dépens. Une moitié du tout absorbe l’autre & en est absorbée à son tour. Ce qui n’est que vrai à l’égard des êtres inanimés, est sensible dans les plantes, & visible chez les animaux.

Les Plantes n’ont pas le choix de leurs alimens. Mais qu’elles sont bien dédommagées de ce privilege imaginaire ! Elles n’ont ni la peine de les aller chercher, ni le soin de les préparer. Leur nourriture est toujours à leur portée, elle vient même les trouver, toute assaisonnée, & d’une facile digestion. C’est le suc de la terre & la rosée du ciel ; suc imprégné de sels, de grains métalliques, & de graisses animales ; rosée douce & aussi pure que l’eau filtrée entre les cailloux. Ainsi, sans sortir de leur place, les végétaux se nourrissent commodément des debris des deux autres regnes. Tandis que les feuilles développées s’imbibent de l’humidité de l’air, les racines qui se multiplient, s’allongent, & grossissent par degrés selon l’âge, la grandeur, & conséquemment les besoins de la plante, sont autant de tubes capillaires ou de petites pompes