Page:De La Nature.djvu/89

Cette page n’a pas encore été corrigée

aussi elle commence à se geler, lorsqu’elle est destituée de matiere ignée, & alors il s’en échappe une quantité de petites bulles d’air qu’on voit venir crever à sa surface, & permettre aux parties élémentaires de l’eau de se rapprocher & de s’unir en un tout solide. Les eaux ferrugineuses digerent beaucoup de fer, lequel y est si finement dissous qu’on ne devoit pas l’y soupçonner, & qu’il falloit pourtant l’y soupposer pour le reconnoître. La terre ne se nourrit-elle pas de toutes les substances hétérogenes qu’elle recouvre & qu’on regarde comme ses productions ?

Un liquide circule dans l’intérieur du globe. Il se charge de parties terreuses, huileuses, sulphureuses, qu’il porte aux mines & aux carrieres pour les alimenter & hâter leur accroissement. Ces substances en effet sont converties en marbre, en plomb, en argent, comme la nourriture dans l’estomac de l’animal se change en sa propre chair. Les Chymistes ont reconnu que l’huile minérale a besoin de phlogistique & d’un peu de terre, pour entretenir son flegme. Les sels se rassasient d’eau ; la quantité qu’ils peuvent en prendre suffit pour les diversifier & en faire des alcalis, des acides, ou des sels neutres. Ils sont tout percés de pores dont ils se servent à pomper l’humidité de l’air & de la terre, à peu près comme quelques insectes aspirent la rosée avec leur trompe.