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que par l’addition du moindre nombre encore. Dans 1, 2, 3, 4, 5, &c. Chaque terme ne gagne jamais que l’unité sur celui qui le précéde. Ainsi l’univers ne reçoit à la fois que la plus petite portion de l’être, une portion égale à celle qu’il eut au commencement.

Tout dans la Nature suit cette marche la plus vîte, quoique la plus lente. Tout y existe d’abord sous la plus petite forme qui lui convient, & se développe à chaque moment de son existence le moins aussi qu’il se peut, parce que ce moins est l’extrême : chaque progrès étant nécessaire dans une continuité où il ne doit pas y avoir de vuide. D’ailleurs ce développement est aussi rapide que la completion de chaque progrès le permet : car l’existence à l’égard du créé fini, n’est que le développement gradué & in-interrompu du germe. Nouvelle loi qui l’empêchant de s’arrêter jamais deux instans de suite au même état, l’entraîne le plus prestement d’un état à l’autre.

Les manieres d’être que le Monde n’a plus, & celles qu’il n’a pas encore, lui sont absolument indifférentes ; elles ne lui sont rien. Le mode actuel lui est essentiel : car son existence actuelle sans ce mode est une chimere, comme l’existence & la vérité abstraites. Donc en perdant ce mode, il perd l’existence qui lui est si intimement liée.