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il n’a point de nouvel être à recevoir. Tout ce qui est intermédiaire doit changer à chaque moment. Il ne jouit de l’existence qu’en détail & la portion qu’il en posséde à la fois, est la plus petite qu’il se puisse. Elle est terminée au moment présent ; car le fini n’est pas susceptible de persévérance. S’il pouvoit rester deux momens de suite dans un même état, il n’y auroit point de répugnance à supposer qu’il y restât aussi trois & quatre momens successifs & davantage. Alors on confondroit la durée du tems avec l’éternité. L’un cependant est aussi essentiellement mobile, que l’autre est constante. Or il n’y a point d’existence moindre que celle qui cesse d’être au moment qu’elle est, la seule qui convienne à la créature dans l’ordre actuel.

L’existence finie contient une sorte d’infinité. Elle résulte d’une infinité d’existences infiniment petites, comme une infinité d’étendues infiniment petites donne une étendue finie.

Il est très-vrai de dire que les créatures vivent & meurent à chaque instant. Elles meurent à chaque moment, en perdant à chaque moment l’existence qu’elles avoient l’instant d’auparavant. Elles vivent néanmoins, parce que l’existence momentanée qu’elles perdent dans tel point de tems que l’on voudra,