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Mais souvenez-vous que la saison des fleurs n’est ni le tems des semailles ni celui de la récolte. La terre qui, loin de vieillir, rajeunissoit tous les ans, s’use visiblement. Elle manque de pluyes qui l’humectent. Le soleil trop tempéré n’éleve point assez de vapeurs. Le même astre toujours à une même distance d’elle, la sollicite sans cesse à produire, & ne lui permet pas de se délasser, ni de se refaire. Elle s’épuise. Sa force se consume en vains efforts. Tout ce qu’elle produit, reste dans un état d’avortement. Demain elle ne sera plus qu’une poussiere stérile.

S’il n’y a qu’un peuple léger, capable de desirer un printems perpétuel, les souhaits de ceux qui lui font ce reproche, sont-ils plus raisonnables ? Une chaîne de montagnes escarpées arrête la marche fiere des conquérans. Abaissons-les. L’inégalité raboteuse des terreins s’oppose à l’embellissement des jardins des princes, borne les vues, rend les alignemens difficiles. Que la surface du globe soit donc unie, sans creux, sans hauteurs. Mais nous supprimons les sources essentielles des fontaines & des rivieres.

Ces inégalités, dit Mr. de Buffon, qu’on pourroit regarder comme une imperfection à la figure du globe, sont en même tems une