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toute autre puissance pour mouvoir de grandes machines ou élever des poids énormes. Le Héros sanguinaire l’employe, comme élément destructeur, à satisfaire sa rage inhumaine.

L’eau humecte la terre & la fertilise, arrose les plantes & les fait germer, désaltere les animaux & facilite la dissolution des alimens qui entretiennent leur vie. L’eau fait la communication des deux mondes en comblant l’abîme qui les sépare, qu’on n’eût point franchi vuide. Les rivieres & la mer sont des réservoirs communs qui fournissent à la délicatesse de nos tables. Nous avons beau les dépeupler par droit ou contre le droit : la Nature en jouant répare leurs pertes. Les eaux, élevées en vapeurs à une hauteur médiocre de l’atmosphere, y temperent pendant le jour les rayons enflammés du Soleil : la nuit elles retombent en rosées abondantes, attendrissent les fruits, & les ouvrent à la douce chaleur qui les pénetre & les mûrit. Mais nous opposerons à ces avantages précieux, les torrens grossis des neiges & des pluyes, qui détruisant les digues qu’on opposoit à leur fureur, causent des dommages si considérables ; les brouillards épais & malsains qui semblent nous envier la lumiere du Soleil, qui engendrent encore les rhumes & les catharres ; les orages terribles de l’Océan