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le sommet des montagnes, le creux des cavernes, le fond des rivieres, l’abîme de la mer, rien n’a échappé à leurs recherches curieuses. Cependant les Guettard, les Jussieu, les Linnaeus auront beau enrichir les herbiers des Tournefort & des Vaillant, leurs collections demeureront incomplettes. Ceux qui se chargeront du soin de perfectionner celles-ci, y laisseront encore des lacunes. Quand tous les vuides seront-ils remplis ? Quand pourra-t-on se flatter d’avoir saisi & reconnu toutes les formes que le suc végétatif a prises, en passant par des degrés si fins, du Corail & du Nostoch où il n’a qu’une activité lente & foible, qui avoit trompé les plus clair-voyans, jusqu’à la plante où il semble prendre du sentiment ?

La magnificence de la Nature augmente à mesure que notre pensée s’éleve des corps que la terre renferme dans ses entrailles, à ceux qui restent attachés à sa couche supérieure, & de ceux-ci aux êtres qui se promenent sur la surface du globe, ou qui s’élancent dans son atmosphere. Ici il y a plus qu’un mouvement sourd & tout interne : il est local ; précipité, rallenti ; droit, curviligne, perpendiculaire, oblique. L’esprit animal, diversement combiné avec la matiere grossiere, la façonne & l’organise. La variation des organes en nombre, en grandeur, en finesse, en texture