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sublimes dans Dieu, deviennent les plus basses dans l’homme. En effet rien ne dégrade plus celui-ci, que d’être attaché au crime & à l’erreur.

Quoique l’Etre complet enserre dans le vaste contour de son immensité toutes les existences actuelles ou possibles ; quoique celui-là seul soit réellement & en vérité, qui est indépendamment & nécessairement ; quoique tout soit dans lui & qu’il ait droit de s’attribuer tout l’être[1], cependant quelle absurdité de vouloir que la raison de l’homme, l’instinct du chien, la rapidité du cerf, la splendeur du soleil soient véritablement des parties détachées de sa substance, hors de laquelle rien ne peut exister ! Disons plutôt

  1. Moyse commandé de Dieu pour briser les fers de son peuple, qui gémissoit dans l’esclavage, lui dit : Seigneur, s’ils me demanderont qui m’a envoyé vers eux, & je leur repondrai que c’est le Dieu de leurs peres ; mais s’ils insistent, & qu’ils demandent quel est ton nom, que leur repondrai-je ? Prophete, lui dit le Seigneur ou plûtot le Ministre celeste qui tenoit sa place, tu diras aux enfans d’Israël : CELUI QUI EST m’a envoyé vers vous ; car voilà mon nom ; il est éternel, & je veux qu’il me serve de mémorial de génération en génération.
    En effet lorsqu’il parloit ainsi au libérateur des Hebreux, il avoit creusé les abîmes & élevé les montagnes, les astres brilloient au firmament, la terre étoit peuplée d’animaux. Cependant Dieu s’approprie, à lui seul, le nom d’Etre à l’exclusion de tout le reste.