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agens produisent, par une force qu’ils n’ont pas, des effets conçus avant qu’ils fussent. Mais au commencement, la cause éternelle qui avoit engrainé, pour ainsi dire, les événemens les uns dans les autres, afin qu’ils se succedassent infailliblement selon sa volonté, toucha le premier anneau de la chaîne immense des choses. Par cette impression permanente, l’univers vit, se meut & se perpétue.

D’une unité de cause suit une unité d’action, laquelle ne paroît pas même susceptible de plus ni de moins. C’est en vertu de cet acte unique que tout s’opere. Quand il sera épuisé, tout cessera.

Depuis que l’on étudie la Nature, on n’y a point encore remarqué de phénomene détaché, de vérité indépendante. C’est qu’il n’y en a point & qu’il ne sauroit y en avoir. Le tout se soutient par la mutuelle correspondance de ses parties. À coup sûr si une seule arrachée violemment de sa place, rompoit la continuité, toute l’économie naturelle en souffriroit. C’est comme une voûte dont les voussoirs font équilibre. Qu’un seul s’échappe, l’ouvrage entier va crouler.

Il résulte de tout ce que l’on a dit jusqu’ici, que la Nature n’est pas la cause unique, mais l’acte unique de cette cause, ou, si vous