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considérer attentivement chaque partie, l’opération par laquelle son attention est portée successivement de l’une à l’autre, se nomme méditation : opération pénible, le tourment des ames superficielles, les délices des esprits profonds qui aiment à voir une chose sous ses faces différentes, qui ne sont pas contens s’ils n’en ont épuisé tous les rapports, dans qui une premiere vérité connue est l’envie & la facilité d’en connoître une seconde.

La méditation appartient à plusieurs facultés de l’ame : à la mémoire qui rappelle le sujet dont on veut s’occuper, avec ses circonstances & dépendances ; à l’entendement qui se rend attentif à chaque point, perçoit, compare, compose, décompose, juge, démontre ; à la volonté qui commande tout cela. Quand les opérations de l’esprit ne sont pas excitées immédiatement par l’action actuelle des objets, nous les rapportons aux déterminations de la volonté. Il n’y a point ici d’équivoque. S’il y en avoit, la neuvieme loi de l’union la feroit disparoître.

D’un autre côté, j’ai suffisamment expliqué le physique de la méditation, en développant la méchanique des opérations dont elle résulte en entier ; sur-tout du rappel des idées & de leur décomposition. Car l’unique moyen de découvrir tout ce qu’il y a dans un objet, c’est de l’examiner en détail, d’en anatomiser les