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premiere fibre à se mouvoir, pour que toutes celles qui lui tiennent par l’affinité du mouvement dont il s’agit ici, lui répondent, chacune à son rang : ce qui fait le rappel, la réproduction des idées de l’esprit.

La facilité de la mémoire vient de la mobilité des fibres : plus elles seront mobiles, plus vîte elles contracteront l’habitude de se mouvoir de telle maniere, avec telle subordination de leurs ébranlemens. Son étendue dépend du nombre, plus grand ou moindre, des fibres qui peuvent s’habituer à vibrer successivement les unes par les autres. On trouve une mémoire forte & tenace dans le cerveau dont les fibres retiennent plus fortement l’habitude contractée. La retention des fibres est l’effet naturel de leur ressort organique, & aussi de la fréquence des vibrations. Enfin les fibres perdent leur habitude par le non-usage, & par une pratique contraire : en vibrant autrement, selon une nouvelle combinaison, la disposition qu’elles avoient à la précédente, s’affoiblit & s’éteint.

On ne confondra pas la mémoire avec la réminiscence : la réproduction des idées avec le sentiment de cette réproduction. Car la réminiscence est ce par quoi l’esprit perçoit que telle modification, loin de lui être nouvelle, n’est que la répétition d’une autre semblable qu’il a eue auparavant. Voici la raison que j’en puis donner.