Page:De La Nature.djvu/461

Cette page n’a pas encore été corrigée

dans son cerveau. Cette combinaison, loin d’être naturelle, est contre nature ; mais la multiplicité des sensations entrées de bonne heure dans l’ame par les yeux & par les oreilles, l’ont engendrée en accoutumant les vibrations des deux pacquets de fibres à se répondre l’une à l’autre, & à se reproduire l’une l’autre. Je conçois l’affinité naturelle de deux, trois & plusieurs fibres du cerveau comme une disposition originelle à se répondre par leurs vibrations ; d’où une réciprocité entre leurs mouvemens, qui fait la liaison naturelle des idées, laquelle a sa raison dans le rapport naturel des choses. Je pense qu’un rapport artificiel établi par la coutume, & telle autre cause fortuite, entre des choses très-disparates, fondera aussi une liaison de même nom entre les mouvemens fibrillaires que la nature n’avoit point liés. La vertu de cette correspondance fera que l’une ne sera pas plutôt en mouvement, qu’une autre ne s’y mettra aussi : ce qui arrivera à toutes celles que l’art aura associées. La réciprocité de ces mouvemens est l’association des idées.

Nos préjugés, nos erreurs, nos préventions, quelle qu’en soit l’espece, ne s’engendrent point autrement ; si pourtant il est permis de prononcer sur une matiere aussi délicate.

CHAPITRE XX