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raison, & elle sera moindre pour l’autre partie. Des deux fibres l’une a un mouvement plus fort que l’autre : des deux idées composantes l’une est plus vive que l’autre. Le mouvement plus foible sera éteint avant le plus fort : l’ame aura encore l’idée plus forte quand elle aura perdu la plus foible. L’instant où celle-ci quittera l’ame, est l’instant réel de la décomposition de l’idée multiple, celui qui sépare les deux idées, celui où l’une persévérant dans l’esprit, l’autre s’évanouit. À quoi bon imaginer ce qui n’est pas ? Les êtres ne se confondent point : ils sont tous impénétrables. Ce qu’on nomme composition & combinaison n’est que réunion. Deux fibres du cerveau ne se confondent point en une seule. Chacune encore garde son mouvement particulier. Leurs vibrations ne s’unissent point dans un seul & même sujet. Ainsi il n’y a point d’idée réellement composée dans le jeu organique. S’il y en a par rapport à l’ame ou dans l’ame, ce ne peut être qu’en ce sens que l’ame a en même tems la perception de plusieurs choses appartenantes à un seul individu ; & cette perception complexe se décompose dès que l’ame ne perçoit plus ces choses que séparément, c’est-à-dire, dès que la simultanéité des vibrations de deux fibres, ou d’un plus grand nombre, cesse.

CHAPITRE XIX