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mue, est au mouvement, c’est-à-dire dans une inertie parfaite, si je puis me servir de ce terme, en parlant d’une substance qui n’est pas matiere. L’ame par cette sorte d’inertie résiste, à sa maniere, à la sensation, comme la fibre au mouvement. Qui est-ce qui ne conçoit que, si la fibre étoit capable de connoissance, elle n’auroit la perception du mouvement qui lui seroit imprimé, que par la résistance qu’elle lui opposeroit ? Ce seroit sa réaction qui fixant son attention, l’avertiroit qu’elle change d’état, qu’elle est modifiée de telle façon. J’ai donc lieu de penser que, l’ame réagissant sur la sensation qu’elle reçoit, l’effet naturel de sa réaction est la perception de cette sensation, l’attention de l’ame à sa modification actuelle. Le principe est appliquable à toutes sortes de modifications de l’ame ; dans toutes il y a une fibre qui résiste au mouvement qui lui est imprimé.

La réaction est toujours proportionnée à l’action, la résistance à l’impulsion, & l’attention de l’ame à la vivacité de ses sensations, à la force de ses perceptions, etc. La fibre mue résiste plus ou moins au mouvement tant qu’il persévere : de même l’ame se replie d’une maniere plus ou moins forte sur ses sensations tant qu’elles durent : son attention s’affoiblit avec elles, parce que la fibre mue résiste moins à mesure que son mouvement