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de ses doutes : mais il sent qu’il pense, qu’il veut, qu’il doute, il se sent pensant, voulant, doutant. Locke & ses partisans disent que l’esprit a l’idée de ses propres opérations, & qu’elle lui vient par la réflexion qu’il fait sur ses manieres d’être, sur ses sentimens, ses idées, ses jugemens, ses déterminations, etc. Au fond cette dispute bien appréciée, n’est qu’une chicane de mots qui laisse subsister la difficulté en entier. Car que l’ame ait le sentiment ou l’idée de ses modifications, il s’agit toujours d’expliquer comment ce sentiment, ou cette idée, entre dans l’ame. L’on dit d’un côté : les modifications de l’ame ne sont qu’elle-même modifiée, ainsi l’ame qui sent ses modifications, n’est que l’ame se sentant exister, comme elle existe réellement, de telle ou de telle maniere ; & le sentiment qu’elle a d’une de ses modifications, est inséparable de cette modification-là même. D’accord : mais il en est pourtant distingué. Comme d’ailleurs la dépendance, où l’ame est de son corps, est aussi grande qu’elle puisse être, il faut que le sentiment de ses modifications lui vienne de l’organique du corps. C’est ce qu’il falloit expliquer. Locke dit : l’esprit acquiert des notions de ses opérations par la réflexion ou l’attention qu’il y fait en se repliant sur lui-même. N’est-ce pas là rendre la question