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que marquées, telles à peu prés que celles qu’on dessineroit sur l’eau ou dans l’air. La comparaison est d’autant plus juste que celles-ci s’effacent, parce que le fluide les remplit subitement. De même la matiere qui sert à la nutrition des fibres idéales, venant les presser dans tous leurs points, n’a pas de peine à faire disparoitre des traits si légérement empreints. Ce qui n’est plus dans le cerveau, n’est plus aussi dans l’ame.

Il ne nous reste de notre premiere enfance qu’un souvenir confus de perceptions confuses. Notre entendement est pour nous un astre que nous voyons près de son midi, & dont un brouillard épais nous a dérobé le lever. Encore les nuages se sont dissipés si lentement, avec une dégradation si nuancée, qu’il nous seroit difficile d’assigner l’instant où l’astre a cessé d’en être couvert. Fixez-vous l’époque de votre premiere pensée ? Non, assurément. La marche de votre esprit a été trop finement graduée. Il avançoit trop peu à chaque pas, pour que son progrès vous fût sensible. N’attribuons notre ignorance profonde à cet égard, qu’à l’imbécillité des organes qui, n’ayant pas pris leur accroissement tout-à-coup, n’ont point produit dans l’esprit une révolution brusque dont il n’auroit pas manqué de s’appercevoir. La même foiblesse fait que jusqu’à un certain âge les empreintes du