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néanmoins qu’elles n’y sont pas comme dans l’adulte : elles y sont plutôt repliées les unes sur les autres, ou pelottonnées sur elles-mêmes, ou chifonnées ensemble. Chaque plicature se développe l’une après l’autre ; la consistance vient aux fibres aussi peu à peu par l’épaississement de la matiere qui les compose, & qui n’étoit au commencement qu’une gelée ; enfin leur ressort se tend de même par degrés, pour les rendre capables d’allongement & de raccourcissement. Ainsi la force motrice du biceps, qui est le résultat de son organisation, lui est communiquée par parties proportionnelles au progrès de cette organisation ; ensorte que supposant dix momens à celle-ci, on doit donner de même dix degrés à la force motrice, & croire que le muscle en acquiert un à chaque moment.

Je raisonne des facultés de l’esprit, de la même maniere que j’ai fait de la puissance motrice des fibres musculaires. Ne puis-je pas en effet envisager la pensée comme une appartenance du systême organique, puisque je suis sûr qu’elle en dépend autant qu’il se peut, sans en procéder physiquement ? Bien que l’intelligence ne soit pas terminée au physique du cerveau, elle lui est pourtant si intimement liée & subordonnée quant à ses modifications, qu’elle ne le seroit pas davantage si