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l’envie, des excès de la cruauté, des horreurs de l’impudicité. Et par un délire de la superstition, ils faisoient monter le vice & la vertu des objets de leur culte, à un degré d’atrocité & de perfection imaginaires, dont ils n’avoient aucune notion.

Des philosophes s’éleverent fortement contre l’extravagance de leurs concitoyens. Malheureusement ils outrerent la raison. Pour délivrer les Dieux de l’amour, de la haine, de la colere, & des autres foiblesses de l’humanité, ils leur refuserent cette bienveillance céleste que nous appellons providence. La divinité d’épicure, oisive au plus haut du firmament, voit avec indifférence les mortels ramper sur la terre, comme un essain de vils insectes, qui se jouent sur un grain de sable, & dont les jeux imbécilles ne l’affectent point[1].

Nous sommes accoutumés à dire : Dieu bon, Dieu juste, Dieu sage, Dieu intelligent.

  1. Quod si ità est, verè exposita est illa sententia ab Epicuro, quod aeternum beatumque fit, id nec habere ipsum negocii quidquam, nec exhibere alteri : ità neque irâ neque gratiâ teneri, quod quae talia essent, imbecilla essent omnia. Cicero de Nat. Deorum. Lib. I.

    Omnis enim Divûm per se natura necesse est
    Immortali aevo summa cum pace fruatur,
    Semota à nostris rebus, sejunctaque longè.

    Lucretius. Lib. I.