Page:De La Nature.djvu/416

Cette page n’a pas encore été corrigée

Théoreme 1.

L’essence de l’ame ne consiste point dans la pensée.

Démonstration.

Un sujet n’est jamais sans son essence ; car l’essence d’une chose est ce par quoi la chose est ce qu’elle est, & un sujet n’est jamais sans ce par quoi il est ce qu’il est. Or j’ai prouvé dans le chapitre précédent que l’ame étoit dans le germe sans aucune sorte de pensée. Donc l’essence de l’ame ne consiste pas dans la pensée.

Théoreme 2.

L’essence de l’ame ou de l’esprit ne consiste pas dans la faculté de penser, de vouloir, etc.

Démonstration.

L’essence d’une chose n’est pas l’assemblage de ses propriétés : car une chose n’est pas ce qu’elle est, par une de ses qualités, ni par la réunion de toutes. Une faculté quelconque réside dans un sujet, & toutes ses facultés résident de la même maniere dans lui ; mais l’essence de ce sujet n’est ni une telle faculté, ni toutes ses facultés ensemble. En effet l’essence d’une chose est ce par quoi la chose est