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exister que par le sentiment qu’il a de ses perceptions, de ses facultés & de leur exercice : toutes choses qui lui sont intimées par le ministere du corps. C’est-à-dire que l’esprit ne sait & ne sent rien de lui-même, que ce que le corps lui en apprend. Si donc le corps ne lui en apprend rien, il n’aura aucun moyen de connoître son existence. Or j’ai prouvé que le corpuscule germe étoit incapable de faire sentir, penser & vouloir l’esprit. Donc l’esprit dans le germe n’a pas même la conscience intime de son existence.

Qu’est-ce donc que l’esprit sans aucune sorte de perception ? C’est l’esprit dans son essence, existant indépendamment de l’exercice de ses facultés. Je n’en sais pas davantage. Je crois bien que l’esprit ne peut pas être sans la capacité de sentir, de penser, de vouloir, de se ressouvenir, parce que ces facultés résultent de son essence, quoiqu’elles ne la composent pas. Mais leur exercice actuel n’est pas essentiel à l’esprit, surtout à l’esprit uni au corps, puisqu’il dépend totalement de l’organisation du corps ; au-lieu que les facultés sont dans l’esprit, indépendamment du corps.