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s’est chargée de nous faire connoître sans l’aide du raisonnement.

Ô vous, qui conservez le goût pur de la vertu ! Fuyez ces hommes d’honneur qui mentent avec tant d’aisance ; ces hommes polis qui s’étudient à faire des dupes, qui savent si bien dissimuler, qui flattent ce qu’ils méprisent, qui honorent le vice qu’ils désaprouvent intérieurement, qui caressent l’innocence pour la séduire. Roidissez-vous contre cette politesse vicieuse, commerce infâme de fraude, d’imposture, de trahison. Faites-vous une loi de n’être jamais en contradiction avec les sentimens que la nature inspire ; ces sentimens précieux qui distinguent vivement le bien moral de son contraire. N’allez point à l’école des maîtres de la sagesse : ils vous pervertiroient. Cette science ne s’apprend point. Les principes en sont dans votre cœur. Soyez seulement attentifs aux mouvemens de votre conscience qui vous les fera sentir, qui en fera d’elle-même l’application. Surtout soyez en garde contre les illusions de l’esprit trop ardent à contredire la nature.

CHAPITRE I