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suppose une telle cause en même tems qu’elle l’exclue. Car, dit le docteur Clark, si l’on envisage ce progrès à l’infini, comme une collection d’êtres ou d’effets contingens, qui tiennent les uns aux autres, dont il n’y a pas un qui ne dépende de celui qui le précéde ; il est évident qu’il ne peut avoir de cause interne de son existence, puisqu’aucun n’est supposé exister par lui-même. On veut pourtant qu’il existe, cet assemblage prétendu infini de phénomenes. C’est donc par la fécondité d’une cause extérieure, qui n’a point elle-même de cause.

L’unité de cette cause n’est pas moins incontestable. S’il y avoit deux causes de cette nature, elles seroient indépendantes l’une de l’autre, & de tout le reste, illimitées par conséquent & infinies. De là deux infinis distincts, premiere absurdité. Ces deux causes tirant d’elles-mêmes leur efficacité, existeroient nécessairement & indépendamment. Chacune d’elles pourroit être conçue exister seule ; & l’on pourroit concevoir l’autre comme non existante. D’où il s’ensuivroit qu’aucune n’existeroit nécessairement ; seconde absurdité. J’en ajoute une troisieme. Ces deux causes auroient un pouvoir immédiatement efficace d’effectuer leurs volitions. Et à raison de leur indépendance absolue ces volontés pourroient être contradictoires.