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garde d’y toucher ; ce ne fut point un politique rusé qui voyant que la force pouvoit lui enlever ce qu’il avoit usurpé avec adresse, voulut persuader à ceux qu’il opprimoit, d’appuyer ses injustes prétentions ; ce ne fut point encore un ambitieux qui pour son profit particulier prétendit assujettir tout le genre humain à la peine, à la servitude & à la misere. Ce fut un sage qui affligé de voir la licence des méchans gêner la liberté des bons, & la bonté de ceux-ci oser à peine resister à la méchanceté de ceux-là ; qui aussi touché des maux d’une partie de l’espece que choqué de la brutalité de l’autre, conçut le grand dessein de réprimer les furieux, & d’assurer l’innocence. Les loix qu’il proposa à cet effet ne furent point un nouveau joug, mais l’expression simple des sentimens moraux. Il ne faut pas juger de la premiere législation, par le code des loix des nations policées, où trop souvent la raison veut dominer la nature, quoique son devoir soit uniquement de nous faire entendre combien il est important de ne jamais contredire les mouvemens vertueux qui naissent de la constitution naturelle de notre être.

La nature produisit au dehors la loi qu’elle contenoit au dedans & qu’elle intimoit à tous les cœurs par les douces impressions du sentiment ; son intention ne fut pas de rendre