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mais il faut convenir que ces deux sensations très-disparates sont pourtant excitées dans l’ame par une impression organique, & qu’ainsi il doit y avoir dans l’organe de quoi faire entendre à l’ame les modulations musicales, & de quoi la passionner par elles. Il n’y a pas d’autre distinction entre la connoissance d’une action, ou d’une qualité humaine, qui me vient sûrement par quelque sens, & le sentiment de sa moralité que j’éprouve en même tems, selon les loix de l’organisation & de la correspondance de l’ame avec le corps. D’où vient la répugnance que l’on a à admettre dans le genre nerveux, des filets propres à recevoir l’impression de moralité, comme il y en a qui reçoivent celles des couleurs & des saveurs ? Elle ne peut venir que de ce qu’on s’est accoutumé à ne regarder comme sensible que ce qui tombe sous les cinq sens ordinaires ; & à la vérité les objets moraux n’affectent aucun de ces cinq sens. Mais les couleurs se voyent & ne s’entendent point : les sons s’entendent & ne se goûtent point ; parce que chaque objet d’une sensation différente d’une autre, a aussi un organe différent, le seul capable de la transmettre à l’ame. Dès-lors la difficulté tombe d’elle-même, quoique le moral ne s’entende, ni ne se voye, ni ne