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fibres morales répandues, sinon sur la choroïde, au moins dans une région particuliere de la moëlle du cerveau, d’où elles correspondent avec celles de la choroïde ? Vous me racontez la même action : j’entends votre recit par l’impression que font les mots (qui ne sont autre chose que des sons, ou l’air diversement modifié par la glotte) sur l’appareil intérieur de mon oreille où ils parviennent. Sans autre addition, je perçois la moralité de l’action dont vous me parlez : n’est-ce pas que l’expression m’en est communiquée par des fibrilles du sensorium affectées de cette moralité, ainsi que les fibres auditives le sont par les vibrations de l’air ? L’organe des sensations morales n’est pas celui de la vue, ni celui de l’ouie, mais il paroit qu’il y a, dans le plan organique, des filamens qui, à la présence des objets moraux, éprouvent une commotion pour en avertir l’ame ; que ces filamens ont une correspondance marquée avec les nerfs optiques & acoustiques ; que ces filamens sont ébranlés toutes les fois que les objets qui frappent la vue ou l’ouie, portent quelque caractere de moralité.

Certains accords attendrissent l’ame. On distingue dans ce phénomene, la simple audition, du sentiment de tendresse qui l’accompagne :