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fond ne different pas plus des sensations du goût & de l’odorat, que ces deux dernieres ne different entre elles.

Supposé qu’il y ait un organe moral, une extension nerveuse fibrillaire qui partant du sensorium commune, s’étende jusques vers certains points de l’économie interne, lesquels communiquent avec d’autres filamens extérieurs analogues ; comment un objet moral peut-il affecter cet organe de telle sorte que cette affection passe dans l’ame pour lui en faire connoître la moralité ?

Suivons la méchanique des autres sensations, nous y verrons le type de celle-ci.

Chaque substance porte avec soi sa couleur, sa saveur, ou plutôt ce qu’il faut pour en exciter immédiatement la sensation dans l’ame. Toute action ou qualité porte de même avec elle sa moralité, ou au moins ce qu’il faut pour la faire sentir à l’ame. Quand un objet se peint dans l’œil, il s’y peint avec sa couleur & sa figure : quand le son frappe mon oreille, il y parvient avec le ton qu’il a, grave ou aigu. De même une action dont je suis témoin, m’est présente avec sa moralité : si on me la raconte, les mots frappent mon oreille avec le caractere de l’action qu’ils expriment. Il est vrai, la moralité des actions n’est ni visible, ni palpable ; je ne dis pas non plus que nous la voyons ou que nous la touchons.