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systême qu’un philosophe admette, il le fait influer sur tous les faits qui se ressemblent. Le créateur du fluide spirituel, explique tout le mécanisme des sens & du mouvement musculaire, par le flux & reflux des esprits. Ce sont eux qui dardés du réservoir général dans les tubes capillaires des nerfs courent continuellement de leur orgine aux moindres ramifications, retournent ensuite vers le siege du sentiment, pour avertir l’ame de ce qui se passe au dehors. Ce sont eux pareillement qui entrant dans les cavités des filamens musculaires, les sollicitent à s’allonger & à se raccourcir, à se gonfler & à s’étendre, pour opérer les mouvemens de la machine. Les physiciens qui tiennent pour la crispation des fibrilles qui composent les nerfs & les muscles, expliquent par elle la vision, le goût, l’odorat, etc. : parce que toutes les sensations, offrant des phénomenes qui se ressemblent, doivent s’opérer d’une maniere semblable. Ceux enfin qui aiment mieux dominer tous les systêmes que de se laisser gouverner par un seul, conviennent néanmoins que tous les sentimens naissent dans l’ame par une impression semblable des objets sur les organes sensitifs. Ce seroit donc une exception bien étrange que la force de l’analogie ne s’étendît pas aux sensations morales qui au