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de remuer le bras. Mais dans ces occasions-là même vous n’avez garde de la regarder comme la cause productrice de ces mouvemens. Vous sentez bien qu’elle ignore la maniere dont ils s’operent. Vous parlez, vous voyez, vous souffrez ; mais vous ignorez ce qui fait l’articulation du oui & du non, ce qui se passe à l’origine du nerf optique. Le physique du sentiment est encore un secret impénétrable, & pour l’homme philosophe qui le cherche, & pour la femme voluptueuse qui ne songe qu’à se procurer des sensations agréables, sans se charger du soin dégoûtant de les analyser. Or la cause, qui produit tous ces effets, doit les connoître pleinement, dans toutes leurs circonstances. Les lumieres, que l’anatomie nous fournit sur des phénomenes si merveilleux, pourront bien, avec le secours des instrumens, nous mettre un jour en état d’assigner dans le cerveau le département particulier de chacune de nos sensations, de quelque genre qu’elle soit. Mais c’est trop s’avancer que de soupçonner que nous y puissions jamais découvrir de l’intelligence & de l’activité. Qui osera nier d’ailleurs que la docilité du pied droit, lorsque je marche, ne soit aussi aveugle, que ma volonté au gré de laquelle il s’avance devant le pied gauche ? L’un pénetre-t-il plus le dessein que j’ai de marcher, que l’autre ne conçoit la maniere