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c’est-à-dire, au moyen d’un organe qui lui est propre. Voilà la nécessité d’un organe moral, qui par un changement qu’il éprouve à la présence des objets moraux, en transmette l’impression à l’ame, laquelle en sentira la moralité, comme elle voit la couleur d’un objet, par l’action de cet objet sur l’organe de la vue, transmise de l’organe à l’ame. En concluant d’après une suite d’analogies constatées, nous n’avons pas d’erreur à craindre. L’assurance est ici à son dernier point, la nature nous disant constamment qu’il n’y a point de sensation dans l’ame, sans organe sensitif qui reçoive une impression du dehors. Les idées ont elles-mêmes leur siege dans les filets de la substance médullaire, où elles sont comme en dépôt pour passer dans l’ame, lorsqu’elle veut se les rappeller.

Comment un caractere, une action, dont la moralité est une affaire de sentiment, agiroient-ils sur l’ame sans intermede ? Mais dira-t-on, comment y agissent-ils par cet intermede ? La seconde question demeurant insoluble, je n’en suis pas moins autorisé à admettre un organe moral. Car l’observation journaliere nous a convaincus, & personne n’en doute, que les objets n’ont pas le pouvoir d’agir immédiatement & par eux-mêmes sur l’ame, mais seulement au moyen des nerfs reconnus pour les organes des sensations.