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De l’instinct ou sens moral comparé aux autres sens.

L’ame perçoit le bien & le mal, comme elle goûte le doux & l’amer, comme elle distingue au tact ce qui est mou de ce qui est dur, comme elle voit le blanc & le noir, comme elle entend les accords & les dissonances, comme elle sent la suavité des parfums & la vapeur des matieres infectes. Car puisque les différences morales nous sont immédiatement connues par une disposition organique de notre être, il est nécessaire qu’elles soient le fruit d’un sixieme sens tout semblable aux autres : ce ne peut être que par une opération analogue aux leurs, que l’ame soit instruite de la bonté & de la malice morales. Tout ce qui dans l’animal n’est pas le produit de l’induction, de la réflexion, du raisonnement, est l’effet de l’impulsion d’un sens.

La beauté & la difformité des actions nous deviennent sensibles, comme la beauté & la laideur des visages. Ces deux distinctions, fondées sur des sentimens naturels du même genre, nous sont intimées de la même maniere.