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C’est une inclination naturelle, involontaire, indépendante de toute considération humaine & sacrée, des subtilités de la raison & des promesses de la religion, des loix pénales & remunératrices, de l’amour & de l’honneur, des préjugés & des vues intéressées de l’amour-propre. Ce sentiment est universel. Il réside dans tous les individus, & du cœur de chacun d’eux comme d’un centre particulier, il s’étend à tous les autres sans distinction d’amis & d’ennemis, de proches & d’étrangers, de grands & de petits, de pauvres & de riches. Telle est en un mot la nécessité & l’universalité de cet instinct, qu’il nous fait approuver tout le bien, quelque part qu’il soit, & blâmer tout le mal, quel qu’en soit l’auteur ; tout cela par une disposition naturelle de notre être. Voilà en substance la conclusion ultérieure des méditations ou recherches de cet habile moraliste anglois, sur l’origine des idées que nous avons de la beauté & de la vertu.

Hume, en examinant les effets naturels de cet instinct dans le commerce du monde, les formes diverses sous lesquelles il se produit parmi les hommes, a remarqué que toute qualité ou action utile ou agréable, soit aux autres soit à nous-mêmes, étoit appellée vertueuse & approuvée par un sentiment naturel ; que d’un autre côté toute qualité ou action