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Découvertes des modernes sur le goût moral.

Je ne m’arrêterai pas davantage à prouver l’existence de cette regle de moralité, la seule exempte d’équivoque, & sujette à un très-petit nombre de difficultés. J’observe seulement qu’elle est si indépendante des vains raisonnemens de la philosophie, que les hommes s’en sont servi pendant bien des siecles, comme les enfans se servent de leurs yeux, sans songer qu’ils en ont, sans savoir en quoi consiste la vision. Les anciens ne paroissent pas avoir reconnu le goût moral ; & je rapporterois volontiers à cette ignorance, leurs variations dans la science des mœurs. Ciceron dit pourtant au livre des offices, qu’il faut qu’il y ait dans l’homme une probité innée, gratuite, desintéressée. Mais on peut dire que cette découverte est tout-à-fait moderne, par l’évidence que lui ont donnée deux philosophes de notre siecle.

Hutcheson est le premier, je crois, qui ait parlé d’une maniere précise & distincte d’un instinct moral : il en a développé les caracteres.