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n’ont examiné la nature humaine que superficiellement, autant qu’ils le jugeoient à propos pour prêter à leurs préventions une nuance de vérité. Peu sinceres dans leurs recherches, ils ne l’ont pas étudiée dans la vue de rectifier leurs idées : ils ont voulu à toute force la trouver telle que leur méchanceté la demandoit. Sans doute ils se soucioient fort peu de nous représenter l’homme dans son véritable état originel. À en juger par leurs écrits, on diroit qu’ils ont essayé seulement de nous prouver qu’il nâquit tel que leur imagination libertine l’avoit enfanté, espérant de faire passer le systême monstrueux de leurs passions, pour celui de la nature. Nouveaux promethées, ils ont fabriqué un homme à leur guise, selon leurs conceptions bizarres : ils lui ont donné pour ame quelques étincelles d’un feu subtil, & pour unique loi l’impression brutale d’un amour-propre aveugle & imbécille. Nous reconnoissons néanmoins que la vie de quelques-uns de ces philosophes fut plus vertueuse que leur morale. Cette contrariété entre leurs actions & leurs maximes, ne fait-elle pas déjà soupçonner qu’ils suivoient par instinct un principe plus pur d’équité, que celui qu’ils tâchoient en vain d’établir à force de raison ?

Le systême des relations morales a quelque