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creusé le canal de la Manche. Si quelqu’un doutoit que les pierres fussent sujettes à la caducité, qu’elles meurent & se pourrissent comme les corps humains, je lui rapporterois ce qui arriva en juin 1714 à la montagne de Diableret en Valais. Entre deux à trois heures après midi, sa partie occidentale tomba subitement & toute à la fois. Elle étoit de figure conique (forme que lui avoit donnée l’éboulement des germes qui devoient être en plus grand nombre à la base). Elle fit un dégât considérable en tombant : elle renversa cinquante-cinq cabanes de païsan, écrasa quinze personnes & plus de cent bœufs, vaches & menu bétail etc. Parmi cette masse de germes pierreux qui s’étoient développés les uns sur les autres, ceux qui étoient à la racine étoient morts de vieillesse, pourris & réduits en poussiere, tandis que les autres étoient encore pleins de vie : ceux-ci n’ayant plus de soutien durent s’écrouler. On ne peut attribuer cet accident à aucune autre cause. Car, suivant le rapport de Mr Scheuchzer, il n’y avoit dans tous ces débris de rocher, nul vestige de matiere bitumineuse, ni de soufre, ni de chaux cuite, ni par conséquent de feu souterrain.