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Il n’est pas à douter que l’eau n’aide beaucoup le mouvement de ces animalcules. Ce délayant les excite, & les tire de l’engourdissement où les plonge le défaut d’humidité : engourdissement que je compare à l’assoupissement soporeux des plus gros animaux, ou à la roideur de quelques insectes glacés de froid, qui privent les uns & les autres du mouvement local & les condamnent au repos. Le poivre concassé & pilé très-fin ne fait voir que peu ou point d’animaux, s’il n’est pas humecté. Mais aussi-tot qu’il trempe dans l’eau, toute la poussiere semble reprendre vie ; elle devient tout-à-coup une fourmilliere de petits corps vivans.

Si cependant vous pouvez avoir de la poussiere résineuse des étamines, fraîche, gluante & humide, telle qu’elle est le matin avant le lever du soleil, il ne sera point nécessaire de l’humecter pour y voir un monde d’animalcules : mais leur mouvement cessera, lorsque la poussiere se desséchera ; & vous le ressusciterez avec une goutte d’eau : la plus convenable à cet effet est, selon quelques-uns, l’eau de neige, la plus pure. Au reste cette alternative est très-analogue à ce qui arrive dans les semences animales. Dès que la portion que l’on observe, se condense ; dès qu’elle s’épaissit, sans-doute en perdant sa