Page:De La Nature.djvu/278

Cette page n’a pas encore été corrigée

matiere ; & la jonction est précisement à l’endroit unique par où il pourroit recevoir sa nourriture, par où il la recevra dans la suite, je veux dire, aux points d’où naîtront les deux arteres & la veine du cordon ombilical. Voilà le germe tout-à-fait incapable de dilatation & d’aucune intus-susception de la matiere requise à son développement ; forcé en conséquence de rester germe pendant tout le temps qu’il adhérera aux autres.

Comment en sera-t-il détaché, pour passer de l’état de germe à celui de foetus ? Ce sera l’effet de la rencontre des deux liqueurs seminales. Car il y aura en cet instant un choc très-brusque, une commotion vive, une sécousse justement nécessaire, pour qu’un ou plusieurs germes soient séparés de l’animalcule spermatique dont ils font partie. Les semences pendant la copulation pourroient couler lentement, au-lieu d’être aussi prestement éjaculées qu’elles le sont. Mais dans ce cas leur rencontre seroit stérile, parce qu’elle n’isoleroit aucun germe. Elles auroient beau se mêler, leur mixtion tranquille laisseroit les élémens séminaux dans l’état infécond où ils étoient avant, & se termineroit à un vain sentiment de volupté. Ce n’est pas l’intention de la nature : elle a voulu que cet acte fut vif, impétueux, rapide, précédé d’une contention violente qui réunit toutes les forces